Blue Jean: comprendre l’homophobie d’Etat

C’est un merveilleux de film de nuances et zones grises pour expliquer les turbulences que provoquent une loi et une société homophones.

La difficulté d’être soi. La tentation de se cacher voire de se renier. Pour chercher à se protéger à survivre.

Jean enseigne le sport dans un lycée alors que Thatcher promeut une loi interdisant la promotion de l’homosexualité.

Elle est obligée de mentir. Voire de dénoncer une élève qui a embrassé une autre élève. Elle reçoit comme reproche de ne pas donner un modèle à une élève lesbienne.

D’un côté on trouve son attention critiquable. De l’autre on comprend qu’elle cache une souffrance celle d’être obligée de se cacher par la société. Un film fin qui montre le vécu sous une homophobie d’Etat.

Blue Jean est un film de Georgia Oakley

Enfant de Salaud de Sorj Chalandon,un collabo  condamné par son fils


Avec Sorj Chalandon c’est toujours un voyage dans les entrailles de l’Histoire.  Sans tabou.

Parfois ça peut créer un malaise de côtoyer l’intérieur de personne sombre comme ce père collaborateur. 

Mais ça permet de comprendre.

C’est lire de l’Histoire mais avec l’émotion.

Dans ce livre il raconte son père collaborateur et ce moment de confrontation lors du procès de Barbie.

Sorj Chalandon a une façon de raconter les événements de façon poignante . On y sent le vacarme la rage la douleur.  Mais jamais de censure.

Je trouve que ce livre est très bien pour comprendre la France de la guerre sans angélisme.

Et c’est un magnifique livre de colère d’un fils à son père collaborateur.

Par cette colère, Sorj Chalandon participe à l’œuvre de justice.

Car il y a les procès qui condamnent les criminels.

Et il y a aussi la mémoire d’un descendant qui condamne ce père.

Ce père collabo criminel condamné par sa postérité.

Pendant que lui à juste titre est honni, la mémoire des victimes de son idéologie elle a notre respect et notre préoccupation à y prendre soin.

Et cette ironie est représentée par cette phrase qu’a dit son père au moment de l’arrestation pour être jugé pour collaboration : » Je suis un soldat.  Pas un romancier monsieur « .

Son fils est romancier et c’est par un roman qu’il exprime son désapprobation.

Respect à Sorj Chalandon.

Mexique, vivre , créer face à la corruption et au féminicide

 » Le Mexique n’a pas connu de dictature comme ses voisins’.

J’entends cette phrase dans les émissions sur le Mexique.

La barbarie et  l’horreur n’ont pourtant pas  épargné les habitants de ce pays. Et les habitantes.

Une guerre sans pitié des narcotrafiquants.

Une corruption qui entraîne l’impunité. Et donc des crimes. 

Dans le film  » noche de fuego » de Tatiana Huezo, les mères élèvent leurs filles dans la peur des narcotrafiquants. Elles les déguisent en garçons de peur qu’elles soient enlevées.

Régulièrement, la violence surgit. Des narcotrafiquants débarquent et descendent quelqu’un puis s’en vont. Les assassinats sont des routines.

Gare à ceux qui fouillent les dessous des affaires sales.  Le Mexique est un des pays les plus dangereux pour les journalistes.

Depuis 2000, 150 journalistes ont été tués au Mexique

Parmi lesquels José Carlos González Herrera le 15 mai dernier.  Il passait par la satire pour informer sur la corruption, les violences d’Etat, les crimes organisés sur son site  » El Guerrero  Opinión Ciudadana « .

Le féminicide l’autre fléau du Mexique .

10 femmes sont tuées par jour au Mexique.

Ciudad Juarez une ville symbole de cette féminicide.  De 1993 à 2013, 1441 femmes ont été assassinées à Ciudad Juarez.

Émotion alors dans ce pays où des machos veulent la disparition des femmes de voir une femme élue présidente de la République Claudia  Sheinbaum depuis 2024

Émotion face à cette chanson : canción sin miedo.

Cette chanson me donne les frissons
Un vrai cri de révolte contre le féminicide horrible au Mexique depuis des années.

Pensant à ces terribles croix de Ciudad Juarez où plus de milles femmes ont été enlevées violées assassinées.

Les mots donnent des frissons car je sais qu’ils parlent d’une réalité.

J’imagine ce que peut ressentir une femme qui a perdu sa fille, sa sœur ou sa mère ou son amie écouter cette chanson. 

Cette chanson sait mettre les mots qu’on voudrait dire à toutes ces femmes.

Et aux machos pour qui la vie d’une femme ne vaut rien sur laquelle ils se défoulent,  la sororité est là.

Un magnifique hymne

Il faudrait aussi inventer une autre chanson dédiée à las patronas.

Des femmes qui préparent des colis alimentaire à destination des migrants qui prennent  » la bestia » train qui va vers les États-Unis.

Quelques références qui ont inspiré cet article :

Le documentaire noche de fuego de Tatiana Huesso

Le documentaire llevate mis amores d’Arturo González Villaseñor

Le challat de Tunis, dénoncer le harcèlement contre les femmes avant #MeToo

Des hommes à moto blafardaient les femmes dans la rue . C’était en 2003

De ce fait divers , la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania réalise un  » documenteur  » mêlant documentaire et fiction enquête sur les traces de ces hommes .

 » Le challat de Tunis « 

Elle interroge également le rapport hommes et femmes  après la révolution tunisienne.

Elle aborde un problème qui empoisonne la vie des femmes tunisiennes: le harcèlement de rue des femmes.

Après avoir observé avec effarement les pratiques voyous d’hommes qui blessent au couteau des femmes coupable de trop montrer leurs corps.

Après avoir soupiré face aux explications conservatrices et rétrogrades d’hommes de leur morale : la violence qui arrive aux femmes c’est leur faute elles n’ont qu’à bien s’habiller.

Qu’importe si ces hommes si choqués de trop voir le corps des femmes dans la rue collectionnent et mâtent les magazines et posters de femmes nues. On n’est pas à une contradiction machiste prêt.

Dans une salle de jeu où des hommes s’amusent derrière leur écran à être un motard virtuel qui enchaîne les attaques aux couteaux de femmes, une femme surgit : Asma Hammi.

Elle se pointe devant ces hommes et leur dit :

Vous n’avez pas le droit d’apprendre aux jeunes et moins jeunes à travers ce jeu vidéo l’idée que c’est normal d’agresser une femme dans la rue parce que sa tenue ne convient pas.

Ces hommes explosent de colère et de rage.

Mais rien n’y fait.

Rien ne fait peur et n’arrête cette femme.

Elle les menace de porter plainte.

On pense alors à toutes les femmes victimes de ces hommes.

A ce moment là Asma Hammi est une héroïne, une résistante .

Mauvais nouvelle pour tous les machos.

Partout dans le monde, ils trouveront toujours des femmes qui leur tiendront tête, qui affirmeront leur droit et leur liberté.

Eldorado de Laurent Gaudé : un cri fraternel pour les migrants

J’ai A-D-O-R-E ce roman.

Un très très beau magnifique roman.

Le côté chorale donne à voir la question migratoire sous plusieurs angles: du côté de l’Italie, du côté de Libye et du Maroc.

Un style d’écriture magnifique.

Un roman qui je trouve honore la fiction en lui donnant ce magnifique pouvoir de faire réfléchir par les hypothèses que peuvent poser l’imagination.  » Et si… »

J’ai adoré ce magnifique personnage de Salvatore Piracci.

Une lecture très émouvante.

C’était le premier roman que je lis de Laurent Gaudé et ça donne envie d’en lire d’autre.

J’en sors comme si je revenais d’une exploration sur la question migratoire à 360° sans tabou

Ce roman est un cri d’humanité pour les migrants.
Un cri de colère contre l’égoïsme et l’indifférence.

La fabrique de la terreur de Frédéric Paulin: comprendre le jihadisme pour mieux le combattre

Ce roman est intense et passionnant.

C’est une sorte d’essai historique en forme de roman sur l’histoire du jihadisme

Il commence donc en Tunisie en 2011.
Il relate la succession des actes terroristes l’implication de tunisiens vers le jihadisme syrien, les assassinats de Toulouse, Charlie Hebdo, le 13 novembre.

Et il montre comment le jihadisme ce n’est pas seulement le moment des attentats.

C’est toute la préparation avant.

 » Les graines du chaos germent »

C’est la stratégie jihadiste

Cela fait complètement écho aux propos de Hugo Micheron qui a sorti une histoire du jihadisme.

Ce roman montre la difficulté des renseignements généraux à traquer les jihadistes avec comme exemple emblématique Mohamed Merah pourtant suivi des années avant ses crimes monstrueux.

Il y a évidemment aussi une fiction qui explore des zones grises.

Cette journaliste Vanessa Benlazar qui énerve les renseignements généraux avec ses enquêtes.

C’est un bon roman policier géopolitique.

Pour l’auteur Frédéric Paulin, le roman peut être une force d’explication du réel. Le roman sert à conserver une mémoire.

J’en sors avec la conviction renforcée que tout est bataille culturelle qui demeure le coeur de mon militantisme

Il y a aussi une réflexion sur les lois et la justice.

Les lois et la justice savent punir les crimes quand ils ont lieu .


Mais pas ce moment qui précède qui préparent les cerveaux aux crimes.

Il y a je sais quand même ces lois contre l’incitation à la haine.

Et bien à la lecture de ce roman ces lois là sont vraiment essentielles à la démocratie et aussi. ..à la sécurité.

J’ai toujours pensé que la meilleure façon de résister face aux islamistes en France est d’augmenter les aides à l’éducation populaire.

L’affaiblissement des aides a donné du champs libre aux islamistes qui eux n’ont pas connu des baisses des aides.

Tout ce qui cultive l’émancipation des esprits doit être renforcé de façon toujours continue.

Grâce à Dieu de François Ozon: comment la parole se libère?

Parti sur le sujet les hommes fragiles, François Ozon s’est orienté sur les victimes de pédocriminalité dans l’Eglise suite à la rencontre avec Alexandre Dussot-Herez; confondateur de l’association La Parole libérée. Le film s’est construit sur des documents qui existent depuis le dossier monté par les victimes jusqu’aux aveux du père Preynat, qui a déjà reconnu sa responsabilité. Le titre du film est tiré d’une phrase prononcée par le cardinal Barbarin  » Grâce à Dieu, les faits sont prescrits »

Je dois dire que le film donne tellement à faire comprendre par l’émotion le traumatisme, la rage des victimes que lors du procès de Preynat, je l’ai suivi en ayant en tête ce cheminement vers la libération de la parole et le pesant passé.

D’abord enfouissement, le déni. Couver le traumatisme semble être l’attitude protecteur. Fuir ce mal pour continuer à vivre. Tout commence par un déclic. Le même pour Alexandre Guérin et François Debord: découvrir que le père Preynat est encore en contact avec des enfants.

Alors Alexandre Guérin essaie d’abord de faire bouger les choses à l’intérieur de l’église. Il écrit au cardinal Barbarin. Echanges, compassions. Mais quand il s’agit de condamner là il se retrouve face à un mur. Les paroles ne suffisent pas. Il veut des actes. Et une simple demande: que le père Preynat ne soit plus en contact avec des enfants.

Blablablabla c’est trop pour Alexandre Guérin il dépose plainte.

Lui est prescrit. Alors l’enquête va chercher des non-prescrits. Et c’est ainsi que François Debord est contacté. Sa mère avait alerté les autorités religieuses dans les années 90 sur les agissements du père Preynat.

Puis quand on lui fait comprendre qu’il s’attaque à une institution et que ça va être difficile, pour faire remuer l’affaire, il décide de la médiatiser.

Le troisième personnage Emmanuel Thomassin est alerté par la lecture d’un journal donné par sa mère.

Pour une même histoire les réactions sont différentes puisque Alexandre Guérin est resté fidèle au catholicisme, ses enfants font la communion, sa femme enseigne dans un établissement catholique. Alors que François Debord a viré dans un athéisme et un rejet de l’église.

Les obstacles à la libération de la parole sont parfois les proches qui ne comprennent pas ou qui découragent. La mère d’Alexandre Guérin lui sort cette terrible phrase:  » tu as toujours été doué pour remuer la merde ». Le frère de François Debord lui sort un soir de Noël « Tu nous emmerdes avec ton histoire de curé ». Le père d’Emmanuel Thomassin lui dit que c’est du passé. Il y a la peur d’une institution. Un boulanger victime n’ose pas en parler de peur de perdre la clientèle très proche du catholicisme lyonnais.

 » Il faut être courageux pour parler et affronter les autres « dit Marie Guérin, l’épouse d’Alexandre Guérin.

Ce qui aide la libération de la parole c’est aussi parfois certains proches. Pour Alexandre Guérin, il y a sa femme compréhensive. François Debord est soutenu par ses parents qui sont comme la mère d’Emmanuel Thomassin pétri de remords de n’avoir pas réagi.

Et pardessus tout la solidarité. Ne pas sentir être le seul avoir vécu la même chose. Rencontrer d’autres personnes qui partagent le même ressenti. Conjuguer les voix les douleurs et la transformer en force collective. Ce qui aboutit à la création de l’association « la parole libérée ».

« Pour que ce que j’ai vécu ne se reproduise plus » comme le dit Alexandre Guérin.

Grâce à Dieu est un film qui a une architecture magistrale qui traite un sujet sensible avec toute une palette de nuances et une précision rigoureuse proche d’un documentaire.

Le choix de la fiction plutôt que du documentaire avait pour motivation de mieux interpeller les gens.

Le réalisateur François Ozon se défend de faire un film à charge contre l’Eglise.

« L’Eglise n’a toujours pas compris cela. On nous envoie des huissiers dans les salles de cinéma lors de rencontres avec le public en imaginant que l’on va nous coincer sur des propos que l’on pourrait tenir.  »

S’il y a eu des pressions pour interdire le film de la part de l’église; des fervents catholiques ont remercié l’équipe du film lors des projections publiques.

Entretien de François Ozon avec le journal Pélerin

La belle du Caire:Tout s’achète sauf..

Chaque chapitre de ce livre est haletant. Du début jusqu’à la fin, on est pris par ce souffle romanesque qui questionne à la fois la condition humaine et nous présente une photographie de la société égyptienne dans les années 30.

A l’image de ce morcellement politique, des personnages représentent différentes sensibilités:

Ma’moun Radwan est le plus religieux

Ali Taha, comme son ami, est aussi plein de convictions mais les siennes sont politiques, sociales et socialistes.

Ahmed Badir, lui, est le seul des quatre à mener de front ses études et un emploi : journaliste dans un journal cairote

Mahgoub Abd el-Dayim est un égocentrique revenu de tout qui profère une philosophie du « après moi le déluge » qu’il résume régulièrement, dans leurs discussions, par un « baste »

Finesse psychologique, nuances , complexité. réalisme social politique humain.

Pas de pathos ou du misérabilisme.

La pauvreté est décrite dans sa cruauté mais n’est nullement source d’empathie mais de rage. Pas de solidarité. Gloire à celui qui sait se faire au mieux caméléon et courtisan envers des bonnes personnes. La nature des moyens comptent peu. C’est le point final qui importe. Changer de classe sociale. Oublier ses origines. Ignorer des parents restés à l’état de pauvreté.

On découvre un monde fait de corruption et sans scrupule. Mahgoub Abd el-Dayim, l’étudiant pauvre, est absolument détestable.

 » Sa dérision envers les hommes de science ne le cédait en rien à celle qu’il témoignait aux hommes de religion. Il n’avait dans l’existence qu’un seul but: le plaisir et la puissance,par les voies et moyens les plus simples , sans obéir à une morale, une religion ou une vertu. »

Tout est pipé, les nominations aux poste jusqu’au concours de beauté.

Avec l’argent et les ambitions sociales, on peut arranger un mariage avec Ihsane,la fille qu’on a toujours aimé.

« N’y a-t-il pas dans le succès amoureux la même jouissance, la même fierté que dans le triomphe guerrier?

Mais l’argent et la puissance n’achètent nullement l’amour d’un coeur.

Au sommet , on est maître de beaucoup mais l’amour  » est un oiseau de bohème  » comme le chantait Carmen. Et la jalousie rend obsolète les certitudes de puissance.

« La jalousie est-elle innée et est-ce , comme la dignité, une convention sociale? Non, elle est innée, sans aucun doute ! Les hommes en souffrent comme les humains, ni plus ni moins! Nous sommes jaloux à partir du moment où nous aimons, et nous nous estimons dignes d’être aimés »

Naguib Mahfouz signe en 1945 un livre politique du cynisme social et un roman d’amour et de jalousie. Surnommé « Le Balzac du Nil », il a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1988.

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Capharnaum:la révolte d’une enfant de rue

« Je veux porter plainte contre mes parents . Je voudrais que les adultes m’écoutent. Je veux que les adultes incapables d’élever des enfants n’en aient pas.De quoi je vais me souvenir ? De la violence,des insultes ou des coups,de la chaîne,du tuyau ou de la ceinture? Le mot le plus tendre qu’on me dit, c’est : » Dégage,fils de pute! » Casse-toi ordure! » La vie est une grosse merde. Elle ne vaut pas mieux que ma chaussure. Je vis en enfer,ici.Je brûle comme de la viande cramée. »

C’est cri de révolte d’un enfant de rue. Le voici devant endosser le rôle d’un adulte pour s’occuper d’ un autre enfant migrant.

Alors il porte plainte contre ses parents pour l’ avoir mit au monde dans cette vie injuste et dure.

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Un road movie urbain politique et social.

Un joli film de Nadine Labaki

Le sillon: De Charlie Hebdo à Hrant Dink,enquête-roman de Valérie Manteau

Pourquoi n’y a-t-il pas eu de « Je suis Hrant Dink » ? Pourquoi personne à l’international ne s’est indigné de cet assassinat qui préfigurait la perte de la liberté d’expression en Turquie dix ans plus tard ?

Un prélude aux assassinats de Charlie Hebdo

Hrant Dink et Charlie Hebdo ont ébranlé les interdits dictés par l’arbitraire la bêtise l’obscurantisme, pas de liberté de pensée pour leurs assassins. Des personnes assassinées par une idéologie qui ne souffre pas de la contradiction, on adopte sa pensée ou c’est la mort.

Le sillon titre du roman de Valérie Manteau est la traduction française d’Agos, nom donné au journal bilingue créé par Hrant Dink créé en 1996 par des turcs et arméniens pour informer la majorité des problèmes rencontrées par la minorité. Ce journal rompt le silence à l’intérieur de la communauté. Il lève des tabous comme la fille adoptive arménienne d’Ataturk. Menaces, procès puis assassinat.

Hrant Dink défendait le vivre-ensemble.

 » Ce qui convient à ces terres, c’est la coexistence des différences » »Il est beaucoup plus fécond que les différentes religions vivent ensemble, les unes avec les autres, plutôt que côte à côte. Car, si l’on parvient à une lecture correcte de leurs différences, on s’aperçoit qu’elles se nourrissent et ne se détruisent pas. L’appel à la prière du muezzin, entendu cinq fois par jour par un chrétien comme moi (… chrétien et athée ), lui rappelle qu’il est chrétien. »

Ce roman mêle fiction et journalisme: l’histoire d’une relation amoureuse avec un Turc et une enquête sur qui était Hrant Dink. A travers cette figure, nous avons un panorama de cette société civile turque de Gezi à aujourd’hui.

Dans le cercle en deuil d’Hrant Dink, on retrouve ceux dont entend parler aujourd’hui essuyant une lutte chère payée contre Erdogan

« Presque tous les gens qui ont des problèmes aujourd’hui avec le régime Erdogan ont un lien avec Dink. Ceux qui suivaient le cercueil, on les a retrouvés ensuite dans les manifestations du parc Gezi et de la place Taksim »,

Comme Asli Erdogan.

« A propos de Taksim, épicentre des manifestations, la romancière Asll Erdogan écrit : « La place Taksim est à nous, ceux qui y sont morts à tout le monde… chaque fois que nous marcherons vers cette place méconnaissable, malgré les matraques, les canons à eau, les lacrymos, chaque fois que nous en prendrons le chemin, elle sera à nous. » Aujourd’hui interminablement en travaux (personne ne comprend bien pour quoi faire, et tout le monde s’en fout), j’ai l’impression qu’elle appartient davantage aux pigeons qu’à nos souvenirs. Il y avait des tentes partout, de part et d’autre d’une allée baptisée Hrant-Dink, du nom d’un journaliste arménien assassiné quelques années auparavant, adopté comme figure tutélaire par les manifestants qui occupaient la place pour empêcher la destruction d’un des rares espaces verts de la ville. Au milieu du cordon de flics, des musiciens, des artistes, des jeunes et des vieux en tous genres, des babas cool, des bobos, des cols blancs, des islamistes. »

C’est un courant en vogue dans les rentrées littéraires les romans-essais le sillon de Valérien Manteau ou Boussole de Mathias Enard ou Camarade Papa de Gauz.